Centre de génétique humaine
La génétique est l’étude des gènes, de leur structure et de leur fonctionnement. Elle éclaire le mécanisme de certaines maladies, comme le cancer, et ouvre des perspectives thérapeutiques.
Anomalies génétiques et risque de cancer
Un cancer a toujours comme point de départ une mutation de gène(s).
Dans les cancers héréditaires, les anomalies de certains gènes sont présentes dès la naissance. Elles font partie du patrimoine génétique. Dans les cancers non héréditaires, les anomalies surviennent au cours de la vie. On parle alors d’anomalies « acquises ». La génétique s’y intéresse également car les anomalies identifiées, dès lors qu’elles sont révélatrices de l’agressivité de la tumeur et prédictives de son évolution, permettent de déterminer le traitement le mieux adapté.
En cas de prédisposition familiale ou héréditaire, il est important de pouvoir dépister le plus tôt possible, grâce à des tests génétiques, la présence éventuelle de l’anomalie associée à la majoration du risque de cancer.
Les cancers héréditaires représentent 5% de l’ensemble des cancers. Ils sont caractérisés par une survenue précoce, c’est-à-dire vers 25 ou 30 ans, et se manifestent chez plusieurs personnes d’une même branche familiale. Les plus fréquents sont les cancers du sein et côlon.
Les consultations de conseil génétique permettent de donner aux malades atteints d’un cancer héréditaire ou aux membres de sa famille toutes les informations sur le risque de développer ou de transmettre la maladie ainsi que sur les mesures éventuelles de prévention. Dans notre centre, et c’est une de nos spécificités, des consultations de conseil génétique sont proposées aux familles à risque de cancer du sein et de cancer du côlon. Celles-ci bénéficient alors d’un suivi étroit destiné à dépister le plus rapidement possible la survenue d’un éventuel cancer.
La forme la plus fréquente de cancer colo-rectal héréditaire est le syndrome de Lynch ou HNPCC. Plus rares sont les syndromes de polypose adénomateuse familiale et les syndromes d’adénomes multiples ainsi que les divers syndromes de polyposes hamartomateuses.
Dans les cancers du sein héréditaires, les mutations les plus fréquentes sont celles des gènes BRCA-1 et BRCA-2.
Représentation schématique d'un arbre généalogique: les carrés illustrent les hommes, les ronds les femmes, la couleur noire le statut clinique de polypose adénomateuse familiale. Le génotype correspondant à la mutation germinale du gène APC, dont les électrophérogrammes accompagnent la généalogie, est représenté par le sigle - : l'allèle normale du gène APC étant associé au caractère +.
Anomalies génétiques et intérêt diagnostique
La génétique revêt un intérêt diagnostique. Dans certains cancers, elle se révèle au moins aussi performante que les autres examens. C’est le cas notamment pour les sarcomes et les cancers du sang.
L’identification des éventuelles anomalies génétiques associées aux sarcomes permet de mieux les différencier et, dès lors, d’opter pour le traitement le plus adapté : les modifications génétiques sont en effet prédictives de l’évolution de la tumeur, de son comportement. Il est donc important de mettre en commun, dans le cadre des réunions pluridisciplinaires, les données livrées par la génétique et celles qui sont fournies par les autres examens (radiologie, examen au microscope du tissu malade…).
Dans les cancers du sang, les facteurs génétiques peuvent jouer un rôle important dans l’apparition de la maladie ou dans son évolution d’une forme dormante vers une forme plus active.
Ces cancers étaient auparavant diagnostiqués en se basant principalement sur la morphologie des cellules sanguines.
L’analyse de certains marqueurs, ou antigènes, exprimés en surface de ces cellules a ensuite permis d’affiner le diagnostic. Aujourd’hui, l’examen des anomalies génétiques permet de différencier mieux encore les cancers du sang, de choisir le traitement qui convient le mieux et d’identifier des cibles potentielles au sein de la cellule cancéreuse pour de nouveaux médicaments. Ces thérapies dites « ciblées » agissent de manière spécifique sur les anomalies, sans entraîner d’effet sur l’ensemble de l’organisme, comme c’est le cas avec la chimiothérapie. Elles sont donc mieux tolérées. Les thérapies ciblées font l’objet d’études internationales auxquelles participent les centres de référence, comme le nôtre.
Enfin, dans les cancers du sang, la génétique permet de détecter une maladie résiduelle : il arrive que des cellules cancéreuses qui ne sont pas identifiées par les examens habituels persistent dans l’organisme après traitement. Il est important de pouvoir détecter ces cellules dites « résiduelles » car elles nécessitent parfois un traitement complémentaire.
Une nécessaire complémentarité
Dans notre institut, les progrès réalisés dans la génétique du cancer sont mis à profit à l’occasion de réunions pluridisciplinaires auxquelles prennent part les généticiens et les médecins en charge du diagnostic et du traitement des cancers. La conjonction des savoirs permet ainsi de déterminer l’attitude la plus approprié en fonction du patient, du type de cancer, de son degré d’extension et de ses caractéristiques génétiques.
La recherche
Durant la dernière décennie, de grands progrès ont été réalisés dans le domaine de la génétique grâce au développement des puces à ADN, véritables carte d’identité du patrimoine génétique humain à très haute résolution. Cet outil est maintenant accessible au centre de génétique et utilisé dans la caractérisation des cancers parfois difficile à classer.
Les recherches sur les anomalies génétiques associées à certains cancers nécessitent un appareillage de pointe. Les outils des centres de référence permettent aujourd’hui d’étudier la composition des gènes de manière très détaillée.
L’avancée des connaissances dans le domaine de la génétique des cancers requiert une collaboration avec les autres grands centres internationaux. Notre Centre de Génétique Humaine fait dès lors partie de groupements européens, ce qui permet d’accumuler un grand nombre d’observations et de les valider.