Le cancer chez l'enfant
Le volet concernant les cancers pédiatriques n’est pas exhaustif. L’objectif est de vous permettre d’avoir un aperçu des cancers qui touchent l’enfant. Il est indispensable que vous interpelliez l’équipe soignante pour toute question médicale.
Pourquoi un cancer ?
Nous sommes tous construits de milliards de cellules, ce sont les briques du corps humain. Un cancer se développe quand brutalement une cellule parmi les autres se multiplie de manière incontrôlée. Des changements successifs dans les gènes de la cellule malade provoquent des dysfonctionnements dans la régulation du processus de multiplication cellulaire. Ces modifications dans les gènes ne se produisent pas dans les autres cellules « en bonne santé ». Dans la plus grande majorité des cas, elles surviennent après la naissance et ne sont pas transmises par les parents. Pour tous ces enfants, il n’y a donc pas plus de risques de récidive de cancers dans la famille.
Quelle est l’étiologie des cancers ?
Dans la majorité des cancers, l’étiologie ou les facteurs déclenchant ne sont pas identifiés (Chan et Raney, 2010). De nombreuses recherches sont en cours pour essayer de préciser les facteurs à l’origine de la genèse du cancer.
Quelle est la fréquence des cancers ?
Les cancers de l'enfant sont une pathologie rare et ne représentent que 1% de la globalité des cancers.
En moyenne chaque année en Belgique, 13 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués parmi 100.000 enfants âgés de moins de 15 ans. Cela signifie qu’en Belgique 300 à 350 enfants développent chaque année une leucémie ou une tumeur maligne (Institut Roi Albert II, s.d ; Belgian Cancer Registry, 2013).
Le service d’hématologie et oncologie pédiatrique des cliniques universitaires Saint Luc prend en charge 25 % des nouveaux cas de cancers pédiatriques recensés chaque année en Belgique. En 2015, nous avons accueilli environ 75 nouveaux patients et réalisé 13 greffes de cellules hématopoïétiques.
Les cancers les plus répandus en hématologie et oncologie pédiatrique sont les leucémies et les lymphomes. Viennent ensuite les tumeurs cérébrales, les tumeurs embryonnaires telles que le neuroblastome, le néphroblastome, l’hépatoblastome et le rétinoblastome et enfin les ostéosarcomes et les rhabdomyosarcomes.
Les graphiques ci-dessous présentent la fréquence des cancers pédiatriques en Belgique pour les enfants et les adolescents.
Répartition des cancers pédiatriques en Belgique - Enfants, 2004-2013 (Adapté de "Belgian Cancer Registry, 2015")
Répartition des cancers pédiatriques en Belgique - Adolescents, 2004-2013 (Adapté de "Belgian Cancer Registry, 2015")
La distribution et les caractéristiques biologiques des cancers pédiatriques varient en fonction de l’âge de l’enfant (Pritchard et al., 2013). Toutes les tranches d’âge sont concernées. Cependant, près de la moitié des cancers pédiatriques concernent les enfants âgés de moins de 5 ans (Imbach et al., 2014). Chaque tumeur a un âge d'apparition de préférence : par exemple, nous retrouvons plus de néphroblastomes, neuroblastomes et rhabdomyosarcomes lors de la première enfance (0-2 ans), tandis que les tumeurs osseuses et les lymphomes apparaissent davantage lors de la deuxième enfance (2-12 ans). Certains cancers qui apparaissent peu chez les jeunes enfants sont à contrario fort présents chez les adolescents. Il s’agit des lymphomes de Hodgkin, des tumeurs osseuses ainsi que des cancers thyroïdiens et des mélanomes (Sommelet, Clavel & Lacour, 2009 ; Imbach et al., 2014).
Quelles sont les caractéristiques des cancers pédiatriques ?
Les tumeurs malignes observées chez l'enfant n'ont rien de commun avec celles que l'on peut rencontrer chez l'adulte.
Localisation
Les principales localisations des cancers de l'adulte (pulmonaires, seins et organes génitaux féminins, tube digestif et peau) sont pratiquement inconnues chez l'enfant.
Facteurs environnementaux
Alors que les facteurs environnementaux tels que le tabac sont responsables de bon nombre de cancers de l'adulte, ceux-ci ne sont pas incriminés dans la survenue des tumeurs chez l'enfant.
Type histologique
Le type histologique est bien particulier puisque les carcinomes, qui représentent l'immense majorité des tumeurs de l'adulte, sont pratiquement absents chez l'enfant. Chez les enfants, outre les leucémies et lymphomes qui représentent 45 % des affections malignes, on trouve des tumeurs dites « embryonnaires »; il s'agit en fait de tumeurs dont l'aspect au microscope rappelle le tissu embryonnaire correspondant. Viennent ensuite les sarcomes, plus ou moins proches de ceux observés à un âge plus élevé.
Évolution
L’évolution des tumeurs de l'enfant est aussi très différente de celle de l'adulte. Ce sont des tumeurs à évolution rapide, cela s'explique très largement par la forte proportion de cellules engagées dans un cycle de division et qui peut atteindre 80-90 %. Ces tumeurs régressent aussi très vite sous l'effet des chimiothérapies et de la radiothérapie auxquelles elles sont particulièrement sensibles.
Quelle est l’évolution des cancers ?
Actuellement, 80% des enfants atteints de cancer pourront être guéris.
Le traitement nécessite la prise en charge immédiate par une équipe expérimentée, spécialisée dans les cancers de l’enfant ; ceci afin de procurer des traitements optimaux en vue d’obtenir la guérison mais aussi d’assurer une bonne qualité de vie.
Aujourd’hui, les taux de survie à 5 ans des cancers de l’enfant avoisinent les 80 % pour l’ensemble des cancers pédiatriques (Imbach et al., 2014). Ils atteignent même les 90 % pour certaines formes de leucémie lymphoblastique aiguë, le cancer le plus fréquent en pédiatrie.
Bien qu’il y ait des progrès considérables dans la prise en charge médicale des jeunes patients atteints d’un cancer et qu’un nombre croissant d’enfants et d’adolescents survit à un cancer (Gatta et al., 2009), le cancer reste la deuxième cause la plus fréquente de décès chez les enfants de moins 15 ans aux Etats-Unis (National Center for Health Statistics, 2010).